Vanuatu : pouvoir des femmes
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- Mis à jour : lundi 14 octobre 2024 00:42
Du 18 octobre 2024 au 21 septembre 2025 au Muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle
Inauguration de l'exposition le 18 octobre à 11h30
Les sociétés mélanésiennes, dont le Vanuatu est un bon exemple, sont connues pour être des sociétés masculines et phallocrates. Les hommes revendiquent les droits et la propriété de la kastom (que l’on peut traduire par coutume, culture, patrimoine), plaçant le rôle des femmes au second plan. Peu d’observateurs des siècles passés se sont intéressés à la culture matérielle et symbolique des femmes ce qui explique les lacunes dans les collections publiques. Cependant depuis une trentaine d’années, des travaux universitaires d’abord anglos-axons et plus récemment francophones donnent de la visibilité sur le rôle joué par les femmes dans la reproduction sociale des sociétés traditionnelles, dans la résistance à la colonisation jusqu’à l’indépendance acquise en 1980 et sur les luttes actuelles. Les travaux d’Annie Walter (1987, 1991), Margaret Jolly (1997), Lissant Bolton (2003) et plus récemment de Monika Stern (2002), Marie Durand (2013) ou Alice Servy (2017) par exemple sont des sources de tout premier plan que nous souhaiterions exploiter.
Lissant Bolton a notamment été à l’origine de la constitution d’un groupe d’informatrices-enquêtrices vanuataises auprès du centre culturel du Vanuatu au début des années 1990 alors que seuls des hommes étaient sollicités jusque-là. Plus récemment, les travaux de Marie Durand sur les maisons-cuisines aux îles Banks (îles du nord de l’archipel) a permis de donner un nouvel éclairage sur la place centrale des femmes dans le fonctionnement des familles et des villages. La scène de l’art contemporain a vu également l’émancipation de femmes de différentes générations qui peuvent à travers leur art porter une parole publique qui leur est interdite autrement.
C’est dans ce contexte que nous proposons une exposition inédite sur le sujet des pouvoirs des femmes qui mettra en lumière les travaux les plus récents. La dernière exposition sur le Vanuatu en France remonte à 1996. Elle avait été accueillie au musée national des Arts africains et océaniens de la Porte Dorée, au musée des cultures de Bâle, au Centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa en et à au Centre culturel du Vanuatu à Port Vila.
A travers une sélection d’objets et d’œuvres d’artistes du Vanuatu, de vidéos et de photos provenant du muséum de La Rochelle mais aussi empruntés au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à plusieurs musées de région (Chartres, Rochefort-sur-Mer, Lille, etc.), au musée des Cultures de Bâle ainsi qu’à des collectionneurs privés et des chercheurs en exercice, il s’agira d’aborder les grands thèmes suivants (non exhaustifs) :
- La place des femmes dans les cultures traditionnelles et leur rôle dans la transmission de l’identité depuis les temps les plus anciens jusqu’à aujourd’hui.
Cette partie sera notamment illustrée par les photographies de Philippe Métois. Une comparaison avec d’autres archipels mélanésiens et notamment la Nouvelle-Calédonie sera proposée. Une section traitera de l’évolution du regard des hommes et des Européens sur ces femmes depuis les premiers contacts. La vision d’auteurs mélanésiens contemporains (Paul Wamo et Marcel Methérorong) permettra un contrepoint.
- Leur rôle de résistante pendant la période coloniale et lors de la lutte pour l’indépendance
Cette partie de l’exposition accordera une place à la figure emblématique de la poétesse, activiste et politicienne Grace Mera Molisa (1946 - 2002).
- Les actrices de la redéfinition de l’identité dans un monde en transition
Deux artistes majeures de la scène de l’art contemporain : Juliette Pita, première plasticienne à avoir émergé sur la scène internationale à partir de 1980 et Fany Edwin, jeune artiste kanako-vanuataise seront notamment mises à l’honneur à travers quelques-unes de leurs œuvres.