Axe 4 : Souverainetés et radicalités : Imaginaires globalisés et constructions locales
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- Mis à jour : jeudi 27 février 2020 11:17
Responsable : Marc Tabani
Résumé
Les mondes insulaires du Pacifique Sud ont intégré l’histoire universelle en tant qu’ultime frontière de l’expansion occidentale. Depuis leur christianisation, principal ressort à leur colonisation, ils ont traversé plusieurs grandes crises sociales et périodes de déstabilisation culturelle. Les répercussions en ont été plus ou moins intensément ressenties par les populations locales selon les enjeux et les stratégies déployées pour le contrôle de tel ou tel archipel ou sous-ensemble régional. Ces crises définissent l’irruption, puis l’ancrage de la modernité en tant que devenir-monde de la diffusion de matérialités et d’idéalités, de l’exportation de marchandises, de normes et d’idéologies, vers ces horizons géographiques antérieurement stigmatisés par l’Occident comme derniers « territoires de la primitivité ». Ces moments critiques ont également placé l’anthropologie aux avant-postes de l’observation des processus de changements sociaux et culturels drastiques, mais il fallut attendre l’après Seconde Guerre mondiale pour que les sciences sociales se plongent intensément dans l’étude des conséquences de ces changements radicaux, du point de vue des conceptions des insulaires du Pacifique eux-mêmes. Pensés d’abord en termes d’« acculturation », de « déculturation », d’« occidentalisation » et soulignant ainsi la passivité des populations locales, l’analyse de ces changements s’est vue restituer toute sa complexité relationnelle, avec notamment le changement de paradigme provoqué par les travaux de Marshall Sahlins (et des nombreux commentateurs qui l’ont suivi dans cette tâche), avec des propositions théoriques aussi importantes que la « structure de la conjoncture » ou « l’indigénéisation de la modernité ».
Suivant ce cadre historique, l’intention de cet axe de recherche est d’insister sur les moments critiques de la confrontation entre des dynamiques politiques, économiques, juridiques, religieuses, culturelles, sociales, et de préciser les étapes de leurs interactions avec des influences globales. Celles d’une « culture-monde » (world culture) suscitent en retour des constructions locales qui, en des phases de tension, ont généré des réponses radicales (mouvements indigénistes, conversions concurrentielles, dérives sectaires ou ethnonationalismes). Pour saisir dans leur diversité les expressions contemporaines de ces « radicalités », il apparaît pertinent, dans des contextes post- ou trans-nationaux, de les analyser en termes de revendication de « souverainetés » extra- ou infra-étatiques, à diverses échelles sociales. Aux répercussions individuelles et collectives des reconfigurations du fait politique en Océanie vient s’ajouter une dimension géo-politique liée notamment à la consolidation des diasporas, des mouvements migratoires et des ingérences des puissances régionales.
Participeront à ce thème les personnes suivantes :
Titulaires
Lorenzo Brutti
Marc Tabani,
Serge Tcherkézoff