Sophie Caillon

Statut : Chargée de recherche
Institution : CNRS

Contact :
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Academia :
https://cnrs.academia.edu/SophieCaillon

Research gate:
https://www.researchgate.net/profile/Sophie_Caillon

CNRS UMR 5175 - CEFE
Equipe Interactions bioculturelles: domestication et gestion des ressources
1919 route de Mende - 34293 Montpellier Cedex 5 – France

► Publications

Ethnobiologiste / géographe

Mon domaine de recherche peut être défini par deux thèmes :
les relations Hommes-milieux, et l’agrobiodiversité.
J’analyse comment les deux composantes du concept de biodiversité, les diversités culturelle et biologique, interagissent, et comment elles peuvent constituer un potentiel d’adaptation pour des sociétés confrontées à des changements de plus en plus rapides et globaux.


MOTS-CLEFS

Disciplines : Géographie culturelle / Ethnobiologie
Pays : Vanuatu / Amazonie (Brésil, Pérou et Equateur) / Colombie
Méthode : observation participante, enquêtes, analyse des réseaux d’échange
Mots-clefs : agrodiversité, analyse des réseaux sociaux, circulation des semences, conservation in situ, diversité culturelle, droits fonciers, indicateurs bioculturels, interactions bioculturelles, résilience, végéculture


FORMATION

2001-05 : Doctorat en Géographie - Félicitations du jury. Sous la direction du Dr. Lescure (Ethnoécologue, IRD). Université d’Orléans, IRD et CIRAD.
2004 : Institut Français de la Biodiversité : premier prix du concours Jeunes-Chercheurs.
1999-00 : DEA Environnement, Temps, Espaces, Sociétés. Option Environnement et Sociétés. Université d’Orléans et l’IRD d’Orléans.
1997-99 : INGENIEUR AGRONOME. Option Gestion, Economie et Communication. Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse (ENSAT) – mention Bien.
1996-97 : MAITRISE de Biologie des Populations et des Ecosystèmes. Option Biologie de la Conservation. McGill University (Canada) et Université ParisXI – mention Assez-Bien.


THEMES DE RECHERCHE

1. Adaptation aux changements environnementaux : La résilience ou l’adaptation des êtres humains aux changements environnementaux est un thème transversal à un ensemble de projets sur lesquels je suis investie. Je tente de répondre aux questions : comment les interactions entre diversité biologique et diversité culturelle peuvent-elles constituer un potentiel d’adaptation pour des sociétés confrontées à des changements de plus en plus rapides et globaux ? Comment les sociétés en forte interaction avec leur environnement adaptent-elles leurs pratiques dans un contexte de changement social et environnemental ?

2. Analyse des réseaux sociaux et systèmes semenciers : L’analyse des réseaux d’échange de semences peut révéler de nouvelles relations entre sociétés et biodiversité. Ma question générale est : Comment la structure des réseaux de circulation des semences agit-elle sur l’agrobiodiversité en incluant la diversité génétique ?, et plus précisément : Quelle est l’influence des histoires de migration humaine et des propriétés bioculturelles des plantes sur les réseaux de circulation de semences ? La circulation des semences est ici abordée par l’analyse statistique des réseaux sociaux et la modélisation théorique grâce à des collaborations avec des mathématiciens et des modélisateurs. Je réfléchis ainsi à mieux intégrer approches quantitative et qualitative pour répondre à des questions en sciences humaines et sociales.

3. Agrobiodiversité, savoirs locaux et innovation : Je questionne les interactions entre les deux composantes du concept de biodiversité, les diversités culturelle et biologique, en m’intéressant aux savoirs et pratiques agricoles en milieu isolé. Je tente de décrire et de comprendre la complexité de l’agrobiodiversité, en répondant aux questions : Comment les agriculteurs élaborent-ils leurs savoirs et adaptent-ils leurs pratiques dans un contexte de changement social et environnemental ? Comment le complexe savoirs-pratiques influence-t-il la diversité des espèces cultivées ? Mais aussi, inversement, comment l’information (nomenclature, classification, usages, origine) recueillie sur les plantes peut-elle renseigner la société, ses prises de décision, son organisation et sa reproduction ? J’appréhende ainsi les liens (savoirs, pratiques et représentations) entre la personne, le lieu et la plante.


PROJETS DE RECHERCHE

Calendrier 2007-2017

2016-2018 Assessing Biocultural Indicators of Community Resilience (NCEAS-SNAPP)
Responsable : Tamara Ticktin (Ethnobiologiste, University of Hawaii), Stacy D. Jupiter (Biologiste marin, Wildlife Conservation Society), Manuel Mejia (Biologiste marin, The Nature Conservancy), et Eleanor Sterling (Ecologue, American Museum of Natural History, NYC).
Financement : U.S.-based National Center for Ecological Analysis and Synthesis (NCEAS) - Science for Nature and People Partnership (SNAPP)
Les rétroactions bioculturelles jouent un rôle fondamental pour améliorer les capacités d’adaptation des humains et non-humains. Pour mieux les comprendre, il faut : 1) développer des méthodes cohérentes pour identifier et mesurer ces rétroactions, et 2) développer des modèles appropriés pour mettre en évidence comment leurs avantages sont impactés par des pressions environnementales et sociales. A travers une synthèse bibliographique et comparative entre des jeux de données issues de projets en cours, nous questionnerons : (i) Quelles sont les propriétés des bons indicateurs bioculturels et comment le mesure-t-on ?; et (ii) Comment peut-on passer d’une échelle locale à globale, et inversement, en prenant en compte la diversité culturelle des communautés vivant dans le Pacifique Sud ?

2015-2017 US-Pacific Islands planning visits: Conceiving biocultural resilience with Pacific island communities: bridging disciplines, language, and culture (NSF-CNIC).
Responsables : Eleanor Sterling, Christopher Filardi (Ecologues, American Museum of Natural History, NYC) and Jennifer Newell (Anthropologue, American Museum of Natural History, NYC).
Financement : NSF-CNIC
Ce projet permet d’unir des groupes de recherche et des communautés locales disparates afin de mieux comprendre et gérer la résilience des systèmes insulaires du Pacifique Sud face à des perturbations à grande échelle comme le changement climatique ou les pressions du marché. Les objectifs sont (1) d’améliorer l’intégration des diverses sources de connaissances dans le Pacifique ; (2) de développer des indicateurs bioculturels de la résilience qui seront tant rigoureux sur le plan académique que faciles à implémenter par les communautés locales ; (3) de produire une proposition de recherche à NSF SEES Water Sustainability and Climate ; et (4) à contribuer à la construction d’un réseau d’individus et d’institutions sur la résilience bioculturelle dans le Pacifique.

2015-2017 PAthogen-Informed sustainable resistance of cassava against Xanthomonas (PAIX).
Responsable : Boris Szurek (Généticien, IRD).
Financement : Agropolis Fondation
Dans le monde entier, une bactériose vasculaire engendrée par une bactérie du genre Xanthomonas (Xam) est responsable de la forte mortalité des maniocs. La diffusion de la maladie sur de grandes distances est principalement causée par l'échange de boutures et d'outils agricoles entre agriculteurs. Dans le work package dont je suis responsable, nous entreprenons d’identifier les pratiques agricoles (diversité spécifique et variétale, organisation des cultures dans le temps et l’espace, jachères, contexte socio-économique) en lien avec la bactériose. De plus, nous questionnons les impacts des réseaux de circulation des boutures de manioc sur la diffusion de la maladie (sur le plan épidémiologique et génétique) et des variétés de maniocs (en nous appuyant sur les noms et la génétique)?

2015-2016 Modélisation et Analyse des Dynamiques dans les Réseaux d’Échanges de Semences (MADRES)
Responsable : Samuel Martin (Informaticien, Université de Lorraine)
Financement : Projet PEPS MoMIS (CNRS)
La biodiversité cultivée est largement impactée par les réseaux d'échanges de semences. Le présent projet vise à la fois à mieux saisir la formation de ces réseaux d'échanges de semences et à comprendre leurs conséquences sur l'évolution de l'agrobiodiversité. Le consortium interdisciplinaire regroupant des chercheurs en SHS et des experts en statistiques et modélisation des systèmes dynamiques en réseaux travaillera selon deux axes complémentaires : (i) la formulation de modèles génératifs de graphes pour représenter les flux de semences ; (ii) le développement de systèmes dynamiques en réseau pour modéliser l'évolution des choix de semences par les agriculteurs. Des simulations numériques et une analyse théorique permettront une compréhension prédictive des modèles.

2012-2017 Méthodes Interdisciplinaires pour les Réseaux d'Echange de Semences (MIRES).
Responsable : François Massol (Modélisateur, CNRS), Sophie Caillon (Ethnobiologiste, CNRS) et Pierre Barbillon (Statisticien, AgroParisTech)
Financement : Appel à réseaux RNSC (Réseaux Nationaux des Systèmes Complexes, puis département MIA de l’INRA.
Pour envisager une gestion durable des agro-écosystèmes et plus précisément de l'agrobiodiversité, le réseau MIRES s'intéresse aux flux de semences entre agriculteurs, principale source de diversité génétique des agro-écosystèmes. Seul un travail interdisciplinaire de terrain couplé à un travail d'analyse et de modélisation multi-niveaux peut aider à mieux comprendre les dynamiques sociales inhérentes aux flux de semences et leurs impacts sur l'agrobiodiversité. Le projet porté par le réseau MIRES vise à développer des modèles et des méthodes d’analyse tenant compte des spécificités évoquées. L'objectif du réseau MIRES est de rassembler des experts de ces différentes disciplines pour établir des ponts méthodologiques nécessaires à une analyse multi-niveaux des réseaux d'échange de semences.

2011-2014 Agrobiodiversité et réseaux sociaux. Une méthode interdisciplinaire pour analyser comment les systèmes semenciers locaux agissent sur la diversité des plantes domestiques (NetSeed)
Responsable : Doyle McKey (Ecologue, Université Montpellier II) en collaboration avec Sophie Caillon (Ethnobiologiste, CNRS) et François Massol (Modélisateur, CNRS).
Financement : Programme CEntre de Synthèse et de méta-Analyse sur la Biodiversité (CESAB) de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB).
Les flux de semences peuvent affaiblir l’adaptation locale en introduisant des espèces ou variétés inappropriées, ou fortifier des systèmes de culture en les rendant plus adaptables aux changements. Via des méta-analyses de données combinant de l’information sur les semences échangées et sur les relations sociales entre donneurs et receveurs, nous étudions les réseaux d’échange de semences entre agriculteurs pour déterminer comment leur structure – signification, direction et intensité des flux, et distribution des distances généalogiques, socioculturelles ou géographiques entre les individus ou entités sociales impliqués – influence l’agrobiodiversité. Nous examinons comment cette structure interagit avec des facteurs socio-économiques.

2012-2015 European Consortium for Pacific Studies (ECOPAS).
Responsable : Professor Edvard Hviding (Anthropologue, Université de Bergen) et pour notre atelier Laurent Dousset (Anthropologue, EHESS)
Financement : Projet européen _ Coordination and support action _ FP7-SSH-2012-2.
Afin de stimuler une recherche européenne sur les îles du Pacifique, l'Unité de la DG Développement responsable des relations entre l'UE et le Pacifique souhaite faciliter la mise en réseau des acteurs et organismes européens dont l'Océanie et/ou les thématiques relevant du changement climatique. Notre objectif est de créer une plate-forme facilement accessible en ligne regroupant les informations sur les ressources (publications, media,…), les chercheurs et leurs compétences, les associations et autres groupes de travail. Cette plate-forme est destinée aux chercheurs mais aussi à tous les acteurs locaux qui travaillent et s’intéressent aux causes et conséquences du changement climatique dans le Pacifique Sud.

2010-2017 Groupement de Recherche « Agroécosystèmes, Agrobiodiversités et Environnement, Domestication et Innovations » (MOSAÏQUE 3353)
Responsable : Yildiz Aumeeruddy-Thomas (Ethnobiologiste, CNRS).
Financement : Institut Ecologie et Environnement (INEE)
Le GDR MOSAÏQUE contribue à une meilleure compréhension des relations sociétés-environnement selon une perspective diachronique au moyen d’une démarche comparative entre des terrains interdisciplinaires variés. Comment les sociétés pensent-elles et ordonnent-elles le vivant, comment façonnent-elles la diversité et établissent-elles des relations signifiantes entre les différentes formes de diversité (écosystèmes, habitats, espèces, variétés) ? Nous distinguons et confrontons deux temps : (1) celui qui a conduit à la mise en place des agroécosystèmes dits « traditionnels » actuels qui découlent d’une évolution sur le temps long des interactions entre les sociétés et les écosystèmes naturels ; (2) le temps présent où nous assistons à des transformations rapides et profondes des agroécosystèmes traditionnels.

2011-2014 Gestion durable des ressources marines : pour un meilleur engagement des populations traditionnelles au Vanuatu (GESTRAD)
Responsable : Sophie Caillon (Ethnobiologiste, CNRS) en collaboration avec Marc Leopold (Ichtyologue, IRD).
Financement : Fonds Pacifique et Ambassade de France du Vanuatu.
L’objectif du projet est de contribuer à définir une politique nationale des pêches pour la zone littorale, et d’améliorer la participation des communautés villageoises pour définir ces règles. Dans une sélection de villages d’Efate, de Santo et Malekula, nous évaluons comment cette gestion est effectuée localement aujourd’hui et par le passé, par rapport à quels enjeux, et suivant quelles contraintes. Ces données sont comparées aux informations recueillies ces dix dernières années par les chercheurs du Centre Culturel du Vanuatu.

2010-2014 Des Anciens aux Modernes ? Transmission des usages, des savoirs et des représentations du territoire en Amazonie brésilienne (USART)
Responsable de projet : François-Michel Le Tourneau (Géographe, CNRS).
Financement : Agence nationale de la recherche (ANR) programme « Jeunes Chercheurs »
Devant l’avancée de la déforestation et de ses conséquences négatives (changement climatique local et global ou érosion de la biodiversité, etc.), il est nécessaire d’encourager le maintien des « populations traditionnelles » d’Amazonie dans les espaces qu’elles habitent. Quelles sont les propriétés et fonctions essentielles des savoirs associés aux plantes et au territoire qui sont préservées et quelles sont les pratiques/représentations qui traduisent une rupture dans les modes d’articulation à l’espace ? Notre projet se propose d’étudier comment ces savoirs, qui font en grande partie l’originalité de ces sociétés, se transmettent et se transforment.

2008-2012 Evolution de la diversité des ressources génétiques domestiquées dans le bassin du lac Tchad (Plantadiv)
Responsable : Eric Garine (Anthropologue, Université Paris IX).
Financement : Agence nationale de la recherche (ANR) programme « Biodiversité ».
Lors de perturbations, comment se réorganisent les systèmes agropastoraux en région soudano-sahélienne qui reposent sur la complémentarité inter- et intra-spécifique à l’échelle locale ? Les objectifs de ce projet sont (i) de caractériser l’agrobiodiversité maintenue dans les agrosystèmes du bassin du lac Tchad, (ii) de comprendre son évolution sous l’effet des changements sociaux et environnementaux intervenus au XXe siècle. Au sein de ce projet, je m’intéresse plus particulièrement à l’évolution des rotations biennales que les agriculteurs Mafa et Xidé ont élaboré pendant des siècles dans les Monts Mandara (Nord Cameroun).

2009-2010 Impacts environnementaux et sociaux de migrants sur une île du Pacifique Sud (MIGRAVAN)
Responsable : Sophie Caillon (Ethnobiologiste, CNRS) en collaboration avec Patrick Heuret (Botaniste, INRA) et Hervé Bohbot (Géographe, CNRS).
Financement : conseil scientifique de l’Université Montpellier2.
En investissant un territoire « vierge », les migrants perturbent un écosystème sur une zone donnée, et introduisent des objets immatériels ou matériels, naturels ou manufacturés. S’ils ne rentrent pas localement en compétition, ces objets participent à la transformation et l’augmentation des diversités tant culturelle que biologique. Quels sont les impacts environnementaux et sociaux engendrés par une migration humaine interinsulaire au Vanuatu ? Pour répondre à cette question, nous 1. identifions la nature des espèces végétales transportées (ressources agricoles ou forestières) lors de la migration, et 2. analysons le traitement (utilisation, perception, représentation) de l’espace investi.

2007 Gestion locale de la diversité du manioc au Vanuatu (île de Tanna) (MAN)
Responsable : Doyle Mckey (Ecologue, Université Montpellier III). Co-encadrement avec Sophie Caillon (Ethnobiologiste, CNRS) de Caroline Roullier (Généticienne, ENS).
Financement : Prix d’Ethnobotanique Yves Rocher-Institut de France (2006).
L’objectif de ce projet est de comparer la dynamique évolutive de la diversité du manioc entre son aire d’origine (étude de cas en Guyane et au Guyana) et des aires d’introduction plus récente (Gabon et Vanuatu). En liant pratique et diversité sur chacune de ces aires, on pose comme hypothèse que le Vanuatu peut être appréhendé en témoin de ce qui s’est passé dans des pays où le manioc a été introduit il y a plus longtemps.

2005-2009 Migration et agrobiodiversité dans la vallée du Rufiji en Tanzanie (TANZ)
Responsable : Stéphanie Duvail (IRD, Géographe).
Financement : Programme « jeunes-chercheurs » de l’Institut Français de la Biodiversité (IFB).
Dans un contexte de changements tant sur le temps court (saisonnalité marquée par des crues et des pluies, déplacements des populations lors de l’Ujumaa) que sur le temps long (dérèglement de cette saisonnalité), l’équipe de jeunes chercheurs composée de géographes, d’ethnobiologistes, d’économistes et de juristes traitent des expériences migratoires des populations du Rufiji, de la plaine inondable aux terrasses, et inversement. Plus particulièrement, je m’intéresse aux stratégies d’adaptation des agriculteurs concernant leur choix de l’écosystème cultivé, de la période de plantation et du matériel biologique à l’échelle tant de l’espèce que de la variété (pour le riz, maïs, sorgho, manioc et patate douce).

2001-2005 Pour une conservation dynamique de l’agrobiodiversité: gestion locale de la diversité variétale d’un arbre « des Blancs » (cocotier, Cocos nucifera L.) et d’une plante « des ancêtres » (taro, Colocasia esculenta (L.) Schott) au Vanuatu.
Directeur de thèse : Dr. J.-P. Lescure (Ethnoécologue, IRD).
Financement : bourse de la région Centre, financements IRD et CIRAD.
La diversité variétale du cocotier et du taro identifiée dans un village isolé au Vanuatu, à l’aide d’outils empruntés à l’agronomie, l’anthropologie, la génétique et la géographie, suggère que sa valorisation, aussi bien du point de vue des représentations locales que des sciences, dépend des formes de socialisation des plantes façonnées par leur biologie et leur histoire, comme des finalités recherchées : protéger une diversité culturelle, une variabilité phénotypique, un potentiel d’évolution ou la mémoire d’un lieu par les liens aux ancêtres. Les exemples opposés du taro (objet socialement valorisé, cultivé dans un espace hérité des ancêtres, et marqué par une importante diversité culturelle et une base génétique étroite) et du cocotier (objet socialement valorisé, planté dans un espace hérité « des Blancs », et génétiquement riche malgré peu de catégories nommées), montrent que les mêmes agriculteurs constituent une société qui valorise ses savoirs naturalistes locaux au travers de la gestion des taros, tout en s’investissant dans une économie de marché en intensifiant la culture du cocotier.
Cette thèse montre que l’intégration des diversités biologique et culturelle au sein du concept de biodiversité peut amener à des contradictions si les savoirs, réduits au rang de recettes, sont abstraits de leur cadre cognitif et socioculturel. En interrogeant la faisabilité de politiques de conservation in situ et de sélection participative, elle souligne qu’une approche interdisciplinaire s’impose pour optimiser l’efficacité et la conciliation des programmes de conservation et de développement auprès des populations désormais confrontées à des processus de globalisation.